The blues of the blue painter

Auteur

Les bleus de Turneel sont sur ses toiles comme dans son âme. Artiste monochromatique, polymorphique, il navigue dans une palette de bleus qui reflètent une personnalité, passionnée, fragile, inquiète, en quête permanente d’un phare, d’une direction, d’une issue.

La profondeur de ses bleus, nous révèlent nos peurs et nos craintes les plus lointaines, qui pour certaines remontent à l’enfance. Cette enfance que Turneel a traversé en Bretagne, berceau de sa famille, entre le nord et le sud de cette terre authentique, qui façonne les hommes de mer. De Saint-Malo au golfe du Morbihan, de grains en tempêtes, il s’est construit au bord de l’eau, élément qu’il ne peut aujourd’hui plus quitter trop longtemps.

Natif de Rennes, il se revendique Breton, comme on est fier de sa nationalité. La Bretagne, le plus beau pays du monde, duquel il ne s’éloigne jamais vraiment, malgré ses nombreux voyages et pauses temporelles géographiques. Aujourd’hui, il vit à La Rochelle, autre terre de gens de mer, c’est ici qu’il peint et cherche, inlassable, des réponses à ses questions.

Avec un besoin vital de vivre au bord de l’eau, Turneel avoue que l’océan le fascine et qu’en même temps il l’inquiète, c’est le moteur de son travail, comme un exutoire à ses angoisses, à ses peurs et ses interrogations envers l’océan, c’est ce dialogue entre eux deux qu’il installe dans ses toiles, comme s’il souhaitait que ses acryliques, répondent à ses espoirs.

Dans ses peintures, il nous interpelle sur ces questions, avec ses aplats, ses touches, de bleus et de blancs tranchant dans la nuit noire. Il nous fait entrer délicatement dans son monde de camaïeux bleus en nous ouvrant une brèche vers son mystère.

De la transparence à l’opacité, ses bleus nous engloutissent dans une inconnue délicieusement inquiétante et tellement attirante. Ses toiles sont la porte d’un élément intouchable, insondable, trop dangereux pour s’en approcher, mais qui s’ouvrent, l’espace d’un instant sur nos vie si simples et si monotones.

Ilaan Turneel © ARN – 2021

De Pétrole en Céruléen, de Lapis-Lazuli en Turquin, ses Indigos, nous envoutent avec une grâce maîtrisée du pigment et nous invitent à un voyage imaginaire vers des bleus Célestes.

Ces peintures sont une invitation à nous faire traverser ses gammes, comme un jeu chromatique aux allures simplistes, mais qui se révèlent complexes, lorsque que l’on décide de lâcher prise et de se laisser porter tel une bouteille à la mer, comme le spectateur d’un film dont on ne connait pas la fin de l’histoire.

Cette histoire, c’est celle de sa vie, de sa quête, depuis le jour où il a découvert les bleus de Klein et les noirs de Soulages, il n’a eu de cesse de les réunir, de les unir. Comme un hommage à leur travail, il s’est mué en bourreau de peinture, travailleur insatiable, il cherche sans répit l’accord parfait des bleus et des noirs.

Fuyant les lieux d’exposition comme les foules, Turneel s’est forgé une notoriété discrète, à son image, mais il a réussi à se construire au fil des années une solide réputation de valeur sûre auprès des collectionneurs et des initiés. Ses œuvres étant de plus en plus prisées, il devient difficile de se procurer une pièce du peintre. N’exposant que rarement, ses toiles se vendent dans peu de galerie, et aujourd’hui beaucoup via internet.

L’artiste annonçant lui-même une production de quelques dizaines de toiles par an, a vu sa côte monter fortement ces dernières années.

Il avoue travailler actuellement sur un livre autobiographique « Océan d’une vie » qui va retracer vingt années de sa vie, de son œuvre. Ce sera une belle occasion de découvrir ou redécouvrir son parcours créatif au fil des bleus de ses années.

Dans l’attente de ce livre et d’une rétrospective de son travail vous pouvez toujours découvrir quelques œuvres sur son site internet www.turneel.com.